La vision du "Nous" versus "Eux" où la représentation des corps dans leur déshumanisation

Source - Lien : https://urlz.fr/u9IW	Source - Lien : https://urlz.fr/u9IY

Un bel engagement humaniste dans les travaux d’Eva Raynal envisagés au travers de la représentation des corps lorsque les projets politiques conduisent à la déshumanisation des « Autres ».

Cela pose de très nombreuses questions à propos de notre niveau de conscience :

- Au regard de ce que représente pour chacun de nous un Être humain, lorsqu’il est perçu comme étant un « Autre » différent du « Nous » ;

- Au regard de la manière dont le processus de séduction des esprits s’opère, vers une adhésion (souvent massive) aux projets politiques de déshumanisation. 

Les sources archivistiques, l’historiographie, les travaux universitaires, l’expérience humaine des observateurs de l’Humanité, démontent qu’il existe des constantes dans ce processus de déshumanisation :

1) Des récits nauséabonds

L’interprétation des récits identitaires, religieux, patriotiques, nationalistes, etc., en mettant en exergue une vision mortifère, celle du « Nous » versus « Eux », c’est-à-dire les « Autres », ceux qui sont différents, dans une vision des autres (« Eux ») qui est :

- Soit perçu comme une masse informe, dangereuse, précaire, déshumanisée (le migrant, le clandestin, etc.),

- Soit perçu comme une masse formelle et identifiée comme étant subversive, compromettante, insidieuse, tentaculaire (l’ennemi de l’intérieur qu’il faut expurger de la communauté nationale).  

2) Ceux qui sont à la manœuvre

Ceux qui sont à la manœuvre ont tout simplement cette unique ambition, la déshumanisation du plus grand nombre (EUX) au profit de l’épanouissement de quelques-uns (NOUS). 

 3) Alors qui sont ceux qui sont à la manœuvre ?

L’Humanité a certainement produit 2 patriarcats antagonistes :

- Le patriarcat virile, machiste et raciste, issu de nos instincts primaires à l’origine de l’Humanité, issu également du schéma du Père dit « conservateur » et qui procède du « Transcendant ». Il est politique (identitaire, « conservatiste », souverainiste, nationaliste, etc., dans laquelle la force doit dominer le faible. Il est religieux (traditionnaliste, fondamentaliste et radicalisé), il est sociétal (stigmatisant, harceleur, prédateur), il est économique et financier (dominateur, transactionnel, « ubérisateur », libertarien) ;

- Le patriarcat/matriarcat humaniste et bienveillant, dit « progressiste » et qui procède de « l’Immanent ». En réaction au premier, il est représenté par celles et ceux qui se sont battus pour l’abolition de l’esclavage, l’émancipation des femmes (IVG, droit de vote, etc.), la construction des droits de l’enfant, la reconnaissance des minorités (handicap, homosexuels, LGBT, transgenres, mariage pour tous, etc.), la diversité de l’Humanité, la laïcité, les valeurs démocratiques, etc.

Entre humanisation et déshumanisation, il semble bien que le plus toxique soit effectivement le premier, issu de nos instincts primaires à l’origine de l’Humanité.

4) Comment s’opère le processus de séduction des esprits

Pour comprendre cela, il convient certainement d’analyser ce qu’est un Être humain, comment il se construit, comment il fonctionne :

- La construction de soi est une succession de Mort et de Renaissance : vous n’étiez sans doute pas le même garçon/homme ou pas la même fille/femme : à l’âge de 3 ans, 5 ans, 15 ans, 20 ans, 30 ans, 50 ans, etc. Ceux qui n’ont pas pu ou pas su, laisser s’opérer ce processus de mort et de renaissance se retrouvent encore être : enfant alors qu’ils sont adolescents ou encore adolescent alors qu’ils sont adultes. Ces adultes/adolescents sans doute très influençables ? ;

- Traumatismes et Résilience : La vie n’est pas ce long fleuve tranquille, mais plutôt ce torrent de montagne jonché d’écueils, de rochers glissants, de vasques et de tourbillons qui parfois vous entrainent au fond vers l’abîme, là où le coup de talon salvateur s’enfonce dans la vase et vous empêche de retrouver la lumière et la résilience. Lorsque la résilience ne vient pas, c’est la peur constante qui vient vous prendre, puis la haine contre vous-même, puis la haine contre les autres, ceux que vous jugez comme étant responsables de votre détresse. C’est sans doute le premier pas vers la déshumanisation de vous-même puis la déshumanisation des autres.

- De l’Ignorance à la Connaissance : Nous sommes sans doute dépositaire d’un esprit/génie humain extraordinaire. Quelle autre espèce dans l’Univers, est passée en un temps aussi rapide à l’échelle de l’Univers (Big Bang) : de l’âge de pierre à l’ère industrielle, de l’informatique à l’Internet, de la Terre à l’Espace, etc. De la connaissance vient : la découverte, l’ouverture d’esprit, l’esprit critique, l'émancipation. Celui ou celle qui n’a point ou peu de connaissance, celui ou celle qui ne sait pas l’entretenir, celui ou celle qui ne s’informe pas dans des médias pluriels, est irrémédiablement condamné à croire les autres, souvent dans la désinformation, les fake news et la propagande.

- De la peur/haine à l’amour et au positif : Nous l’avons évoqué plus haut et toute la clé de notre affaire est probablement bien ici. Celui ou celle qui est dans la peur et dans la haine sera sensible, d’une manière ou d’une autre, au discours du « Nous » versus « Eux », insensible à la représentation humaine que l’on peut se faire de l’autre (« Eux »), insensible également à leur accueil dans l’Humanité, mais sensible à leur rejet puis à leur persécution qui devient légitime et juste. On crée des lois, des codes, des statuts particuliers pour résoudre définitivement la question des autres (« Eux »).
La défense des persécuteurs lorsque le procès viendra, sera de dire « Mais c’était la Loi… ! », « Je n’ai fait qu’obéir à la Loi de mon pays… ! ». Décryptage : « Je n’ai fait qu’obéir à la « Transcendance » au détriment de « l’Immanence ».

Le phénomène est très probablement amplifié, si nous sommes très profondément ancrés :

. Dans le schéma du Père : la virilité, le machiste, le raciste ;

. Dans la « Transcendance » c’est-à-dire l’illusion du vrai et du juste dans ce qui est supérieur et extérieur à soi-même, au détriment de « l’Immanence » c’est-à-dire la réalité, à savoir : la nature même, la diversité, la force et la Beauté de l’Être (humain).

Bien à vous, très belle journée, et portez-vous bien.